Élargir les autoroutes : oui ou non ?
Delphine Klopfenstein Broggini, en tant que conseillère nationale genevoise, vous vous rendez souvent au Palais fédéral à Berne. Les trajets doivent parfois sembler longs. Honnêtement : n’est-ce pas parfois tentant de prendre la voiture ?
Ce n'est pas plus rapide en voiture ! Je privilégierai toujours le train car j’ai choisi de ne pas avoir de voiture. J’aime le train et j’en profite au quotidien dans notre pays dont le réseau est certainement le meilleur au monde. Je lis, je travaille, je discute avec des collègues dans les trains, ce que je ne pourrais jamais faire en conduisant une voiture.
Mais des lacunes sur le réseau ferroviaire suisse subsistent et des régions en subissent les conséquences. C’est le cas de la Romandie et en particulier de la liaison ferroviaire Genève-Lausanne qui manque de capacité tandis que Zurich n’aura plus de train direct pour Genève. C’est là qu’il faut continuer d’investir de toute urgence pour rendre cette alternative encore plus performante par rapport à la route.
Le 24 novembre, nous voterons sur les projets d’extension des autoroutes. Pourquoi allez-vous voter non ?
C’est de l’argent jeté par les fenêtres ! Investir 5,3 milliards pour agrandir des autoroutes et générer du trafic pendulaire supplémentaire, c’est totalement absurde. Chaque nouvelle route amène un nouveau trafic motorisé dans nos rues, dans nos quartiers et dans nos villes. La population aspire à davantage de tranquillité devant chez elle. Nous devons au contraire investir dans la mobilité active, le vélo, la marche à pied et naturellement aussi dans les transports publics pour des liaisons efficaces entre les villes.
Pendant des décennies, on a bâti nos vies autour de la voiture et malheureusement autour des nuisances qui y sont liées (pollution de l'air et bruit). Les gens en ont marre ! Il faut désormais déconstruire ces modèles et se tourner vers un avenir décarboné et désirable. Quand on sait qu’un déplacement sur deux fait moins de 5 kilomètres, cette vision est franchement à portée de main.
Les autoroutes touchent aussi aux questions environnementales. Depuis de nombreuses années, les femmes votent pratiquement toujours de manière plus écologique que les hommes. Est-ce que vous avez une explication à cela ?
On dit souvent que les femmes sont plus vertueuses vis-à-vis du climat. Leur empreinte carbone est d’ailleurs meilleure que celle des hommes, elles émettent 16% de CO2 en moins en moyenne. Les femmes ont encore une bonne part de la charge mentale et familiale, elles savent où se trouvent leurs intérêts et comment optimiser leur mobilité à travers les transports en commun par exemple. Peut-être aussi que les femmes considèrent la mobilité comme un tout, un ensemble vivant, une ramification.
Les transports ne se résument pas à un simple trajet rapide entre Genève et Nyon, mais concernent l’ensemble des déplacements et des interactions : des pistes cyclables pour les pendulaires à vélo aux trajets sécurisés dans les quartiers en passant par les plus longs itinéraires en train. C’est en tout cas ma vision de la mobilité.